15.10.06

Camille Laurens – Les Travaux d’Hercule

Camille Laurens – Les Travaux d’Hercule

J’ai bien failli refermer à la 50eme page ce roman publié en 1994, quelque peu rebuté par un style trop ostentatoirement littéraire, ciselé, nettoyant et coupant comme un scalpel mais qui tombe souvent à plat. C’eût été dommage. Comme quoi la persévérance peut se révéler payante.

Le mécanisme de ce roman policier virtuel moderne (allez, osons ce terme) est ma foi très élaboré. Le lecteur en sera pour ses frais car il lui faudra renoncer à tout comprendre.

Sans doute le rythme lent et déroutant du premier quart est-il voulu : c’est la dolence de la croisière pour se rendre dans une île méditerranéenne parce que Jacques et Hélène, mari et femme, lui détective privé, elle vaguement chanteuse, détestent l’avion, l’approche prudente d’un monde oriental pour enquêter sur on ne sait qui ni quoi, les indications données ayant été des plus succinctes.

Nos deux compères vont débarquer dans un microcosme français, bien isolé de la population « mogdoulienne » dont ils vont devoir percer les règles, les enjeux et les vilains secrets.

Une subtile enquête pour retrouver la trace d’une famille disparue se met alors en place. Les secrets, petits et grands, les trahisons, les passions vont peu à peu se révéler.

En fait, de multiples enquêtes s’entrecroisent. On en comprendra le dénouement et la raison qu’à la toute dernière page, dans un entrelacs brillant et inattendu. A chacun de nous d’imaginer qui est qui dans l’histoire et qui a mené qui …

Entretemps, la vérité se dévoilera par flashs, souvent de façon inexplicable. Là encore, ces révélations sont là pour mieux nous dérouter nous amener à nous interroger à qui joue à quoi et où l’auteur veut nous mener.

Car en fait, la vraie est question est là : mais où Camille Laurens veut-elle nous emmener ? Il n’y a pas une réponse mais celle que vous imaginerez en allant jusqu’au bout de ce finalement brillant ouvrage. On peut lui reprocher d’être trop écrit, sans doute, trop savant (les références botaniques et mythologiques frisent l’overdose), de vouloir faire mouche par des comparaisons littéraires trop souvent hasardeuses ou contestables mais parfois aussi fort réussies. Saluons la culture de l’auteur au passage. Au moins le style se différencie-t-il de la tendance minimaliste actuelle même s’il mériterait plus de sobriété et de simplicité.

Pardonnons ces maladresses et conservons l’ensemble pour finalement recommander la lecture de cette surprenante réalisation.

203 pages – Publié par P.O.L.

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