23.12.06

Déjanté – Hugo Hamilton

Hugo Hamilton est un écrivain irlandais pur jus, un vrai de vrai, spécialisé en romans policiers noirs voire très noirs.

Avec « Déjanté », il nous fait découvrir l’arrière du décor de cette ville si spéciale qu’est Dublin, ce mélange subtil de modernité, d’insalubrité, de transports en commun désuets et inadaptés à la mégapole moderne que la capitale irlandaise est devenue.

La limite de cet ouvrage est que son auteur est tellement irlandais, jusqu’au bout des ongles, que si vous ne connaissez pas Dublin et sa lumière si spécifique et que vous n’êtes pas un féru d’histoire irlandaise, malgré les notes fort bien faites de la traductrices, vous passerez immanquablement à côté d’une partie substantielle de cet auteur. C’est parfois un peu pénible.

Malgré tout, Hugo Hamilton a un talent réel pour nous emmener dans la folie parfois peu policée du garda Pat Coyle, flic complètement décalé, doué pour péter des câbles régulièrement au point d’être surnommé par ses collègues Mr Suicide.

C’est parce que la « Special Branch » irlandaise ne parvient pas à coffrer « Drummer », l’un des principaux chefs mafieux dublinois, que Pat Coyle va se mettre personnellement en guerre contre « Drummer » et son réseau.

Une descente progressive aux enfers, aux limites et au-delà des limites légales. Une sorte de duel post moderne à distance, par tiers interposés, jusqu’à la confrontation finale.

La langue est parfois cinglante, les associations de mots et les images d’une rare violence associée à un humour décapant. Un mélange sporadiquement explosif juxtaposé à de longues divagations sur l’échec de notre société capitaliste et consumériste.

Même si Hamilton n’a pas le style et la veine d’une Fred Vargas ou d’un Dominique Sylvain (voir plus loin sur ce blog), il réussit à nous faire adhérer aux complexes mécanismes cérébraux de ses héros, tous paumés, dépassés par la société ou les talents profonds qui sont les leurs et qu’ils n’arrivent pas à dompter.

Un polar parfaitement recommandable donc.

234 pages – Publié par Phébus – Rayon Noir

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