20.1.07

La blanchisserie – Tarjei Vesaas


Cet auteur norvégien moderne, considéré comme le maître à penser de la littérature nordique des années quarante à soixante, a sans doute été beaucoup bercé par les grandes tragédies grecques classiques.

Voici qu’autour d’une blanchisserie, dont le symbole de la purification ne nous échappera pas, se nouent destins et fatalités.

Tarjei Vesaas nous entraîne dans les affres du désir inassouvi, celui qui rend aveugle au point de vouloir la mort de celui qui aime l’être que l’on chérit sans pouvoir l’atteindre. Un lent et inexorable processus de pulsion destructrice se met en place. Il va entraîner dans son sillage tous les protagonistes, tous innocents, tous aveuglés par ce qu’ils croient et non ce qu’ils voient.

Les étapes s’imbriquent mécaniquement l’une après l’autre comme celles qui conduisent à la purification du linge.

Le livre se déroule presque intégralement de nuit, accentuant la furtivité des déplacements, la honte refoulée, le poids des doutes puis des convictions tranchées.

Comme dans les tragédies classiques, le schéma que l’on croit tracé d’emblée va se ramifier pour nous entraîner de coups de théâtre en coups de théâtre. La rédemption se trouvera dans la mort de certains en présence de protagonistes du drame dont les exclamations ne sont pas sans rappeler celles des chœurs antiques.

L’auteur sait nous tenir en haleine en utilisant au départ une intrigue faite d’un tout petit rien. Mais c’est sans compter sans la passion des hommes et notre capacité à ne voir que ce que nous désirons voir, triant les faits pour ne retenir que ceux qui soutiennent nos théories.

Ce roman traite efficacement et poétiquement de la rédemption, de la nécessité de se sacrifier pour se purifier. Un roman tragique et bouleversant.

Dommage que la traduction ne soit pas tout à fait à la hauteur. On la sent un peu trop scolaire.

Un livre original à découvrir si vous aimez fréquenter les chemins de traverse.

Publié aux Editions Flammarion – 255 pages

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