27.4.07

Derrière la porte – Giorgio Bassani

Né en 1916, Giorgio Bassani est un écrivain, reconnu dans son pays d’origine et couronné de plusieurs prix, qui est empreint d’une mélancolie certaine, touché souvent par la douleur de vivre. Plus déprimé qu’extraverti.

Derrière la porte est un roman très inspiré de ses années de lycée. Il met en scène trois adolescents. Cattolica, premier de la classe, le fortiche de service, celui que vénèrent tous les profs et également officiellement fiancé à seize ans. Pulga, être chétif et suant, moyen et veule, enfant de la classe moyenne aux parents moyens mais que l’auteur, éternel poulidor de la classe, transposé dans la peau d’un gamin juif né d’un père médecin et rentier, adoptera pourtant, un peu par hasard, un peu par nécessité comme son ami. Mais, amis, le sont-ils vraiment ? C’est la question fondamentale de ce livre. Que signifie amitié, quelle en est la frontière et quelles limites autorise-t-elle ?

L’intrigue est à peine existante. Elle n’est qu’un prétexte à laisser filer un doux ennui pour illustrer finalement la profonde solitude dans laquelle se morfond, mais complaisamment, le narrateur.

Ce roman est aussi celui de la difficulté de nouer de véritables amitiés, la vie se chargeant par l’éloignement, la rivalité et surtout, ici, la trahison, de les briser, à peine formées. Il met aussi en scène, d’une certaine façon, le lent passage du stade d’adolescent à celui d’adulte devant faire face à ses responsabilités, prendre des décisions ou refuser de les prendre, par peur de s’assumer. C’est aussi le lieu pour dire la difficulté à voir ses propres parents comme des êtres de chair et de sang, des êtres s’étant livrés nécessairement à l’amour physique pour vous engendrer alors que soi-même l’on découvre progressivement les vertiges de la chair sans toutefois oser franchir le pas. Bref, un monde en pleine transformation, à l’aube la seconde guerre mondiale, du fascisme dont on perçoit les échos assourdis en toile de fond.

Pourtant ce roman, dois-je dire, distille un certain ennui. Celui d’une neutralité littéraire indubitablement voulue mais qui à force de nous plonger dans une observation nombriliste nous fait friser le lent ensommeillement. Il y manque un côté écorché, exalté, révolté pour en faire un ouvrage brillant. Dommage…

Publié aux éditions L’étrangère – Gallimard – 226 pages

Aucun commentaire: