19.1.08

L’aube le soir ou la nuit - Yasmina Reza

Quelle est l’utilité d’un tel livre ? Cette question n’a cessé de me tarauder tout au long de sa lecture.

Yasmina Reza avait passé un contrat avec le candidat Sarkozy : pouvoir le suivre, en garde rapprochée, en partageant son intimité pendant les huit ou neuf mois qui ont précédé l’élection présidentielle, pouvoir noter librement tout ce qu’elle voulait et en tirer un livre sur le mode pris sur le vif.

Le résultat est fortement mitigé, discutable même.

Passons les premières dizaines de pages. Mme Reza n’est pas dans son registre et le livre éprouve les plus grandes difficultés à adopter un ton et un style aptes à capter l’attention du lecteur.

Puis, peu à peu, on sent qu’une sympathie s’établit entre celle qui observe et celui qui est observé.

Une sympathie fondée sur le don de soi à la cause de sa vie, sur l’extraordinaire énergie qui émane de Mr Sarkozy et sa capacité à entraîner, à décider.

Une sympathie forgée par la force des mots, ceux qui structurent les meetings électoraux, ceux lâchés sur le moment par un candidat qui veut soulever les foules jusque parfois à l’encontre de celui qui passe ses nuits à concevoir les discours du futur président.

Mais sympathie ne veut pas dire admiration béate et Y. Reza s’emploie à bien souligner la superficialité dans la plupart des contacts, l’inépuisable besoin de plaire et de briller, l’ego sur-dimensionné, indispensable pour gagner.

Bref, du coup, l’homme qui va devenir président y gagne en densité humaine puisqu’il combine qualités aussi nombreuses que ses défauts.

Reste à dire que le style qui repose fondamentalement sur des successions de notes et d’impressions, sur des citations glanées ici ou là ne nous a pas emballé. Nous restons dans la superficialité, l’impression et rares sont les analyses qui, lorsqu’elles apparaissent, sont en revanche d’une grande pertinence.

Il y a également trop de références à des personnages dont nous n’avons pas la moindre idée de ce qu’ils sont au-delà de la cohorte des ex et futurs ministres de la garde rapprochée.

Mais conservons l’image d’un homme à la condition humaine, obsédé par la réussite et le souci de plaisir, le besoin d’être admiré, aimé et obéi.

Publié aux Editions Flammarion - 190 pages

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