26.7.08

La nuit dernière au XVe siècle – Didier VAN CAUWELAERT

Attention, petit bijou !

Voilà un roman qui détonne d’imagination, de drôlerie et de moquerie. Un roman dans lequel le lecteur alternera en sourires francs et rires spontanés tout en se demandant comment l’auteur va se tirer de la situation qu’il aura lui-même créée. Ne vous en faites pas, Mr Van Cauwelaert est un grand écrivain et il s’en sortira fort bien avec les rebondissements d’usage…

L’intrigue est simple. Un inspecteur des impôts marié, amoureux de sa femme qu’il a épousée cependant un peu par hasard, débarque dans un château, sur dénonciation, pour effectuer un contrôle fiscal sur une société spécialisée dans la fourniture d’insectes censés combattre tous les fléaux du monde.

La société comme le château renferment une collection d’individus tous plus déjantés les uns que les autres et férus, par-dessus tout, d’occultisme.

Et voilà que notre inspecteur des impôts, terne, rangé, va, par la volonté des esprits, subir les assauts répétés, tempétueux et haletants d’une jeune femme du XVe siècle, ex-châtelaine du lieu et qui voit en lui la réincarnation de son chevalier d’amant d’il y a plus de quatre cent cinquante ans.

Et comme cet amour la démange depuis lors et que son esprit, par de sombres manipulations que nous découvrons au fil des pages, n’a pu monter aux cieux, le retour de flammes est, si j’ose dire, jouissif.

A partir de là, l’auteur s’en donne à cœur joie pour mettre en scène, et gentiment écorner au passage, toutes les sciences occultes et ce qu’elle comporte d’ésotérisme. Tout y passe et donne lieu à d’hilarantes séances d’écritures automatiques dans lesquelle la belle dicte ses quatre volontés à son inspecteur des impôts, déboussolé, comblé mais toujours amoureux d’une épouse qui, elle, se détache de lui.

Notre administration fiscale est elle aussi aimablement gaussée et l’auteur aura su même créé un nouvel humour, l’humour fiscal, franchement décalé et très under-statement !

Au détour de ces pages dévergondées et franchement hilarantes, l’auteur nous donne cependant à réfléchir à l’influence de notre inconscient sur notre perception du réel. Car la frontière de l’occultisme emprunte sans aucun doute celle de la psychologie, du refoulement, de désirs qu’il serait trop dangereux d’exprimer directement.

Toute l’histoire se déroule sur fond de vengeance quant à elle très moderne et mêle la manipulation à la volonté de découvrir ce que notre éduction, nos valeurs, notre sur-moi nous intiment de refouler.

Pendules, fantômes, orages et esprits parlants sont au menu constant d’une histoire qui se déroule à toute allure et ne menace jamais de s’enliser. Voilà un bouquin parfait pour un film à succès…

A lire sans la moindre hésitation et avec le regret d’un plaisir trop court !

Publié aux Editions Albin Michel – 282 pages

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je découvre votre carnet, et vos lectures. Franchement, ça donne envie de lire !
à bientôt