19.6.09

L’autobus – Eugenia Almeida

Au fin fond d’une petite ville de la pampa argentine, l’autobus quotidien du soir passe. Mais il ne s’arrête pas, au contraire, il file en trombe. La scène va se répéter plusieurs soirs de suite, créant peurs, interrogations et tensions au sein d’une communauté d’apparence tranquille.

D’apparence seulement car la ville est séparée en deux par la ligne de chemin de fer. D’un côté, la bourgeoisie et ses notables. De l’autre, la plèbe, laissée à elle-même, sans justice ni système de santé.

Avec cet autobus qui ne s’arrête pas, le train qui lui non plus n’arrive plus, c’est toute la vie qui s’arrête. Plus de liaison avec la capitale, plus de moyen de s’échapper.

C’est ce qui va nous permettre de découvrir qui est vraiment l’avocat de cette ville et pourquoi, par vengeance personnelle, il s’est condamné à échouer au milieu de nulle part. Un homme amer et sans joie, un déçu de la vie, bref, un raté.

Mais, peu à peu, nous allons aussi découvrir pourquoi l’autobus ne passe plus et comprendre le système de terreur, autoritaire et répressif de l’Argentine du temps de la dictature militaire. Un système qui n’hésite pas à boucler une région entière pour se livrer à une chasse à l’homme sans merci.

Or, c’est précisément cette dualité de récits entre le destin personnel de l’avocat d’une part, qui occupe toute la première partie, et les manœuvres de la junte d’autre part qui m’a le plus gêné. Il n’existe pas de liens entre eux si ce n’est l’unité de lieu. L’auteur eût gégné en impact en associant destin individuel et collectif.

Le roman bascule sans transition de l’un à l’autre, laissant un amer goût d’inachevé. Au bout du compte, on est frustré d’en savoir trop peu ou trop. Comme dans la vie, parfois, peut-être ?

Malgré le prix Las Dos Orillas reçu en 2005, ce livre ne m’a pas convaincu. Il manque de profondeur et de rythme, d’unité aussi.

Bien dommage, car l’idée de base était intéressante et les premières pages prometteuses !

Publié aux Editions Métailié – 125 pages