24.7.10

L’artiste des dames – Eduardo Mendoza


Apprêtez-vous à passer un joyeux moment avec ce roman délirant, croustillant et drôle.

Imaginez un gentil fou, enfermé au fin fond d’un asile dans la banlieue de Barcelone. Un jour, sans crier gare, il sort après un entretien à la Marx Brothers avec un directeur médecin gâteux, vénal et adipeux.

Recueilli par une sœur au physique repoussant, ex-péripapéticienne des bas quartiers de Barcelone et désormais mariée à un entrepreneur pédéraste, il se retrouve à la tête d’un salon de coiffure. Enfin, salon par le nom car pour le reste, tout est à reprendre. Notre homme se met à la tâche, chasse les souris, les cafards et les chats et commence à faire tourner son commerce.

Mais bientôt, il se trouve embarqué dans une histoire abracadabrante, accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis mais qu’on cherche à toutes fins lui faire endosser.

Commence alors une véritable intrigue policière où E. Mendoza nous promène avec ardeur et délice. Une intrigue incroyable, pleine de rebondissements et où se trouvent mêlés un maire de Barcelone complètement sénile et obnubilé par sa réélection prochaine, une série de femmes vénales et dont la vraie nature tortueuse et sombre va se révéler peu à peu à nous et des hommes d’affaires roublards mais qui vont se faire doubler par plus malin qu’eux.

Bref, le délire est au service d’une peinture féroce de la grande bourgeoisie, celle à qui tout est presque permis au nom de l’argent, du pouvoir et du sexe. Mais les petits en sortiront grandis et réhabilités. Sans moralisme aucun, juste histoire de marquer les extrêmes, omniprésents dans ce roman délicieux.

La force du livre est dans une écriture décalée, drôle, riche et débordante comme seule la littérature espagnole ou brésilienne savent en produire. Mais, attention, une écriture remarquablement maîtrisée et au service d’une intrigue qui semble débridée. Semble seulement, car il faut une habilité littéraire redoutable pour ne pas se perdre comme auteur, pris au piège d’une histoire qui pourrait menacer de s’effondrer ou de s’essouffler.

Rien de tout cela. C’est un morceau de bravoure, savoureux, goûteux, joyeux qu’une fois commencé, vous ne voudrez plus lâcher.

Alors, courez vers votre libraire préféré.

Publié aux Editions du Seuil – 301 pages