25.6.11

La voiture de papa – Marco Tullio Giordana

M.T. Giordana est avant tout un metteur en scène et, en particulier, celui de la trilogie « Nos meilleures années » qui a connu un immense succès en 2003.

Autant dire que sa culture cinématographique se ressent très rapidement dans ce gros roman dont la construction donne souvent l’impression de nous faire découvrir un scenario hyper détaillé, précis, minutieux. Une minutie qui frise parfois le laborieux tant on descend profondément dans la description des lieux, des gestes, des actes, comme pour donner une série d’instructions capricieuses aux mouvements de camera à suivre.

En outre, le style de Giordana manque totalement de naturel. L’auteur se complait dans une emphase permanente et hyperlative. Il enchaîne les phrases d’une longueur propre au XIXeme siècle tout en adoptant un style ampoulé, lourd, à la limite, parfois, d’en rendre la lecture fastidieuse.

A ce titre, la scène de l’extraction de la balle par le personnage principal, médecin embourgeoisé, d’un terroriste qui fut, au temps de sa jeunesse, un amant sans lendemain, est symptomatique. On se croirait à un cours de médecine en direct. Chaque os, chaque muscle nous est répertorié avant de décrire par le menu et avec force phrases pesantes, chacun des gestes du praticien.

Le roman est celui de la confrontation des classes d’une Italie rongée par le terrorisme. Aucun des clichés ne nous est épargné entre les patrons riches et les ouvriers, gentiment exploités avec paternalisme.

L’intrigue qui va se nouer avec une extrême lenteur est comme le roman : pesante, compliquée, avec des rebondissements tissés à la grosse ficelle.

Bref, le roman, disons-le, est assez raté. Vous trouverez bien d’autres bien beaux livres à découvrir avec Cetalir.

Publié aux Editions JC Lattès – 340 pages

22.6.11

Le signal – Ron Carlson


Voilà un nouveau roman, publié aux excellentes éditions Gallmeister qui ont pour politique éditoriale de publier des romans américains ayant eu plus ou moins de mal à trouver leur public sur leur marché, et qui s’inscrit clairement dans la tradition « Nature writing ».

D’ailleurs, au bout de quelques pages, on ne peut manquer de penser à deux chefs-d’œuvre que sont « L’homme qui marchait sur la lune » de Howard Mccord ou bien encore « Sukkwan Island » de David Vann dont vous trouverez les notes de lecture sur Cetalir.

Même thématique avec une longue randonnée en pleine nature dans l’une de ces immensités peu peuplées, voire désertes, dont regorgent les Etats-Unis. Et, soudain, la plongée en plein drame et le glissement brutal, sans transition, vers la violence la plus totale et le déroulement d’un thriller haletant.

C’est ce qui se passe exactement ici avec ces deux personnages, Mack et son ex-épouse Vonnie. Mack vient de sortir de prison après une longue descente vers l’alcool, la drogue et la violence qui lui valurent la faillite de son mariage et le déclin accéléré de son ranch. Au prétexte de vouloir définitivement tourner la page et de laisser un meilleur souvenir que l’image qu’il a produite en prison, il invite Vonnie à venir faire une ultime randonnée sur les chemins qu’ils ont sillonnés ensemble chaque année pendant huit ans. Un moyen de se dévoiler enfin l’un à l’autre, pour se dire ce qu’ils n’ont jamais su ou voulu avouer jusqu’ici.

Mais pour Mack et en cachette de Vonnie, cette randonnée est aussi un moyen de se faire de l’argent pour éponger une partie de ses dettes en retrouvant la trace d’une mystérieuse balise pour le compte d’un acolyte louche avec lequel il fricote depuis pas mal de temps.

Après une bucolique partie de pêche, la randonnée va tourner au cauchemar et le couple devenir l’objet d’une traque farouche de la part d’une petite troupe d’hommes déterminés et prêts à tout pour ne pas laisser de trace de certains trafics dangereux et illicites.

Tout cela est bien fait et construit de façon à captiver le plus longtemps possible l’attention d’un lecteur censé ne pas refermer le bouquin avant que de ne l’avoir dévoré d’un trait comme l’indique les bandeaux racoleurs. C’est à peu près le cas, sans toutefois atteindre la perfection, la cruauté, le caractère implacable et inéluctable des choses et situations qui firent de Sukkwan Island ou de L’homme qui marchait sur le lune d’authentiques et haletants romans. La faute sans doute à une analyse psychologique plus sommaire et à un dénouement qui manque de grandiose tragique.

Publié aux Editions Gallmeister – 2011 – 223 pages

21.6.11

Pour qui vous prenez-vous ? - Geneviève Brisach


Etranges récits à mi-chemin entre collections de courtes nouvelles et court roman syncopé, Geneviève Brisach nous entraine une fois encore dans son univers personnel, fait d’imaginaire, de tendresse et de jolis sentiments.

Un univers qui gravite autour de quatre personnages tournant en boucle. Ils s’appellent Max, Gerbert, Fleur et Melissa Scholtès. Cette dernière est la pédiatre des enfants de Fleur qui est mariée à Gerbert.

Un univers où la crainte est rémanente, diffuse et sournoise. La peur de tout : d’un improbable attentat en train, de perdre ses enfants qui grandissent, de s’ennuyer dans la vie, des mauvaises rencontres en vacances au loin, de la guerre. La crainte aussi et surtout pour les femmes de perdre leur mari, leur amant, de ne plus savoir être aimées ou de se rendre aimables et désirables. Tant et si bien que ce qui est redouté finira par arriver, inéluctablement.

Les chapitres défilent, très vite au fil de ce roman qui se lit à toute allure. Ils sont souvent impertinents, presque toujours mélancoliques. Quand ils vous arrachent un sourire, c’est celui de la dérision, jamais celui de l’explosion spontanée.

En fait, c’est à travers les représentations mentales de leurs mondes que nous fait voyager G. Brisach. Des mondes où la prise sur le réel est évanescente, un monde fait de mots et de maux. Un monde où la joie est difficile à trouver, où tout finira par rater.

C’est à une collection de moments doucement tristes que nous assistons, à une grande éclaboussure de petites cruautés, de ratages, ceux qui conduisent à l’incompréhension et qui amènent toujours les autres à se détourner de vous.

Un livre à vous faire renoncer à toute famille, à se cacher sous la couette en attendant des jours meilleurs quand le léger désespoir vous aura quitté.

Bref un roman gris noir au fond, décapant et jouissif, au second degré, sur la forme.

Publié aux Editions de l’Olivier – 173 pages

18.6.11

L’argent des politiques – Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet


Publié fin 2009, cet ouvrage d’enquête journalistique sur le monde de la politique et de l’argent conserve toute son actualité, particulièrement à moins d’un an maintenant des élections présidentielles.

Extrêmement documenté, précis et factuel, ce livre ne se présente pas (trop) comme un témoignage à charge. Il met juste en évidence des faits suffisamment troublants et convaincants pour faire tomber l’illusion (mais existe-t-elle encore ?) que derrière la façade bien pratique de l’intérêt général mis si souvent en avant par nos élus, se cache avant tout la somme des intérêts particuliers.

Il est en effet tout simplement incroyable que nos élus publient de mauvaise grâce et de façon partielle (sans montants) ou fausse (avec des montants notoirement sous-évalués) leurs patrimoines alors qu’ils en ont l’obligation légale et qu’une entité a été mise en place spécialement pour contrôler ses déclarations. Une entité qui bien sûr, composée largement d’élus, se contente d’enregistrer sans presque jamais poser de questions et encore moins sanctionner sauf à de très rares exceptions où le scandale guette.

Il est saisissant de voir en quoi notre République est devenue, par dérives successives, une véritable monarchie républicaine offrant ses ors et ses fastes, sans quasi contrôle, à un Président et sa cour, à ses ministres et leurs collaborateurs délivrant ainsi des conditions de vie dignes de milliardaires.

A ce titre, les pires en matière d’abus monarchique semblent avoir été Mitterrand et Chirac. Le premier passa son existence à dissimuler sous une apparence bonhomme une vie de grand bourgeois entretenant une double vie et une double famille aux frais de la nation. Le second vit, d’après cette enquête, aux crochets du pouvoir public et de ceux qui, au Liban, lui sont redevables depuis des décennies, ayant perdu toute notion de l’argent et de la réalité quotidienne. Il fut le monarque de l’argent roi, l’utilisateur et le bénéficiaire des valises d’argent liquide qui firent le lit de la politique jusqu’à il y a peu encore.

Certes, une immensité de petits élus sont loin de ces dérives et se consacrent avec dévotion à leurs charges. Mais les crocodiles de la politique, comme le montre cet ouvrage, de tous bords, entretenus par une cohorte de courtisans qui constitue une barrière opaque avec la réalité finissent par perdre tout contrôle et sombrer facilement dans la tentation d’une vie d’opulence que ne justifie pas leurs charges.

Rien de nouveau, me direz-vous, le pouvoir ayant toujours appelé l’argent et les courtisans. Certes, mais les errements du début du mandat de notre actuel président – qui semble depuis s’être amendé, histoire de se refaire une image pour une élection qui se présente comme difficile – et les mauvaises habitudes prises depuis une trentaine d’années mériteraient une reprise en mains radicale. Elle aurait le double mérite d’assainir nos finances et de donner l’exemple d’une vertu républicaine propice à redonner goût à une politique au sens étymologique du terme.

On ne peut que recommander cette lecture pour décoder les arrière-pensées de celles et ceux qui vont bientôt briguer nos voix !

Publié aux Editions Albin Michel – 2009- 343 pages

17.6.11

Quand souffle le vent du nord – David Glattauer


Attiré par une quatrième de couverture intrigante et originale, je me disais que le livre que je m’apprêtais à ajouter à ma liste chronophage serait soit génial soit d’une sourde médiocrité. A la fin de mon billet, vous saurez de quel côté mon cœur balança.

« Quand souffle le vent du nord » est une sorte de Liaisons dangereuses revisitées à l’aune du XXIème siècle digital. Correspondre peut être fatal, peut entraîner deux êtres vers des rivages insoupçonnés voire au bord de précipices aussi délicieux que périlleux.

Tout commence lorsqu’Emma adresse un email d’annulation d’abonnement à une revue. L’ajout d’un « e » malencontreux au Magazine Like fait que ce courriel se trouve routé vers un certain Leo Leike. Une correspondance au départ anodine va alors s’engager. Ce qui aurait pu s’arrêter là sera précipité dans une pulsion communicatrice auto-entretenue par un subtil mélange explosif.

Leo est un cérébral, un maître des mots (il enseigne la psycho-linguistique) et sait faire preuve d’un humour parfois un brin cynique, souvent décalé propre à attiser le caractère impulsif, violemment émotionnel de Emma. Emma s’ennuie sans doute un peu et est une séductrice invétérée, camouflée derrière l’apparence d’un mariage heureux et exemplaire. L’air attise la flamme et la flamme dévore l’air. Très vite, l’échange d’emails va glisser vers la construction d’une relation passionnelle et totalement virtuelle, l’un et l’autre ayant autant d’esprit et une capacité à rebondir en provoquant l’autre, en le relançant lorsque la tentation pourrait se profiler de tout arrêter.

Très vite aussi, Emma et Leo réaliseront que ce qui fait le sel de ces échanges, c’est la projection mentale qu’ils se font l’un de l’autre. Ils imagineront d’ailleurs un très subtil jeu pour tenter de se rencontrer physiquement sans donner la possibilité à l’un ou l’autre de s’assurer que celui ou celle qu’il a cru(e) identifier comme son partenaire virtuel est vraiment l’objet de son phantasme. Histoire de pimenter encore une liaison d’autant plus dangereuse qu’Emma est mariée et que Leo se remet à peine d’une relation amoureuse destructrice. Ce sont de ce fait l’homme et la femme idéaux qui vont se construire, sortes d’avatars virtuels de protagonistes en mal d’amour mais trop soumis aux contraintes sociales pour oser transposer dans le monde réel ce qui se passe dans leurs têtes et sur la toile. Il y a alors grand danger quand le psychologique se trouve à ce point diamétralement opposé au monde physique.

A aucun moment, l’auteur ne sombre dans la vulgarité qui aurait pu guetter à chaque coin de courriel. Bien au contraire, la force du livre est dans la subtile et raffinée variété de la teneur des courriels échangés, leur longueur et leur style reflétant avec une redoutable efficacité les affres, les doutes, les tentations, les pulsions de plus en plus intenses qui secouent ce couple digital. La question prégnante, dont la réponse sera apportée brillamment en toute dernière page, est de savoir s’il faut ou non concrétiser cette relation, lui donner le caractère prosaïquement et inéluctablement physique qu’elle appelle instamment.

Tout cela est très intelligemment écrit, souvent très drôle, et le danger véritable est, qu’une fois commencé, vous risquez bien, comme Emma et Leo, de ne plus pouvoir décrocher.

Qui aurait cru que je fusse capable de succomber au charme d’un roman a priori plus féminin ? Et bien, je l’avoue sans honte aucune, j’ai adoré et fais de ce remarquable roman un de mes grands coups de cœur de ces douze derniers mois !

Publié aux Editions Bernard Grasset – 2010 – 348 pages

15.6.11

Des cœurs découpés – Brigitte Smadja


Les cœurs découpés, ce sont ceux qui ornent les volets bleus, en bois, d’une cité Parisienne, quelque part du côté de la rue Lepic et qui n’existe peut-être que dans l’imaginaire d’un vieil homme, Charles. Une cité dont les volets clos abritent un secret que Charles ne révèlera à son entourage qu’à la toute fin de sa vie, au moment où la conscience du réel part en lambeaux.

Les cœurs découpés ce sont aussi ceux des membres de cette famille bourgeoise et parisienne dont nous allons suivre, à grands traits, dans un raccourci saisissant les démêlés et les secrets.

Voici une fille, Judith, aux étranges yeux jaunes qui nomment son père et sa mère par leurs prénoms et qui s’expriment dans un langage particulièrement élaboré pour son âge. Une jeune fille habitée par le désir d’être aimée, dorlotée et surveillée par un oncle boiteux, ancien héros de la résistance, ex-déporté et ayant tout perdu dans cette Algérie qui ne se voulut plus française.

Pourquoi une telle froideur entre Judith et sa mère Joséphine, grande bourgeoise, femme superbe et hautaine ? Pourquoi ce malaise avec son père Charles ? Pourquoi ce couple se déchire-t-il en coulisses ?

C’est dans l’univers des mensonges du monde adulte, dans celui des apparences de bienséance et des sentiments refoulés que nous entraine avec un certain talent Brigitte Smadja.

Il existe une grande pudeur dans ce livre qui fait la place belle à l’émotion, à la psychologie, à la difficulté à devenir soi-même adulte quand on n’a jamais été vraiment enfant.

Je ne classerai pas ce roman parmi les grands écrits mais sa construction, son intimité, la finesse de son approche en fait malgré un joli livre à découvrir. Le deuxième roman ce l’auteur, professeur de lettres modernes, et publié en 1999.

Publié aux Editions Actes Sud -223 pages

11.6.11

Metronome - Lorant Deutsch


Comment expliquer le succès phénoménal de ce livre de L. Deutsch ? Par la popularité de l’acteur/écrivain/historien ? Cela y a contribue mais ne fait pas tout. Par l’originalité de l’approche ? Sans doute car, Lorant Deutsch parvient à conserver quasiment intact l’intérêt de ses lecteurs tout au long de son propos.

Pour celles et ceux qui auraient raté le buzz médiatique, l’auteur nous emmène dans une découverte insolite de Paris au fil de certaines de ses stations de métro éparpillées un peu partout dans la Capitale. Ces stations ne sont pas choisies au hasard mais au contraire sélectionnées avec soin afin de nous faire voyager à travers le temps, depuis Jules César jusqu’aux dernières élections présidentielles.

Derrière chaque station se cache un quartier, un monument, un lieu qui ont connu moult bouleversements au gré des évènements historiques. Comme toutes les villes européennes, Paris se développa au fur et à mesure que la population mondiale crût et que la position de la ville s’imposa dans le paysage européen au point d’en faire dès Charlemagne la ville la plus peuplée, la plus riche, l’une des plus puissantes d’une Europe qui ne cessait de se reconstituer au gré des guerres et des luttes de pouvoir. Elle se bâtit sur ses propres ruines au gré des changements de régime et des moyens financiers.

On apprendra ainsi que le berceau de Paris ne fut pas l’île Saint-Louis mais l’endroit actuel de la ville de Nanterre n’en déplaise aux Parisiens contemporains. Que la Tour Eiffel est édifiée à l’endroit exact où se déroula une terrible bataille qui vit les combattants gaulois systématiquement massacrés par l’armée romaine, marquant ainsi le basculement de la région sous la domination romaine. Que la rue Saint-Jacques retrace l’exacte et antique route qui menait vers le Sud et l’Italie et que l’on y trouve encore quelques fugaces vestiges de fours de potiers. Et des centaines d’autres choses encore !

Tout cela est fort bien fait, raconté de manière pédagogique. Certes, on survole des dizaines d’années d’histoires en quelques lignes et le propos est plus de conter les évènements par le petit bout de la lorgnette. C’est une succession d’anecdotes qui vient sous-tendre le récit bien plus qu’un véritable travail systématique, méticuleux de positionnement de la ville dans l’Histoire. Mais laissons cela aux ouvrages spécialisés auxquels il sera toujours temps de se référer en cas d’approfondissement.

Au plan marketing, c’est un joli coup car, inéluctablement, la lecture donne envie de voir les multiples lieux évoqués. Bingo, vous trouverez votre bonheur dans le Metronome illustré qui viendra subtilement compléter votre acquisition et procurer quelques royalties supplémentaires à notre Historien/acteur. Bien joué Lorant !

Publié aux Editions Michel Lafon – 2010 – 377 pages

10.6.11

Les charmes discrets de la vie conjugale – Douglas Kennedy


Auteur à succès mondial, Douglas Kennedy s’y connaît pour mettre en scène sans concessions les travers de la société américaine bien pensante.

Nous allons découvrir tout ce qui se cache derrière les apparences de bonne éducation, de respect des autres, de côté « relax, take it easy » très côte Est et Nouvelle Angleterre. Il se trouve que c’est une région dans laquelle je me rends un assez grand nombre de fois par an pour raisons professionnelles et j’ai parfaitement retrouvé le côté un peu provincial, lissé de ces bonnes villes de Providence, Concord, Boston ou Portland. Des villes où l’ennui guette si l’on n’y prend pas garde…

L’intrigue de ce très gros roman est assez quelconque. C’est là d’ailleurs la limite essentielle de ce livre qui est inversement proportionnel en qualité scripturale et romanesque à son poids. Mais bon, si l’on cherche de la grande littérature, on s’est indéniablement fourvoyé avec ce livre.

Nous allons suivre la vie apparemment bien rangée d’un couple typique de la middle-upper class de la côte Est des Etats-Unis et ce sur une trentaine d’années. Je vous passerai les détails sans relief particulier.

Le fond du bouquin consiste en fait à dénoncer l’hypocrisie si caractéristique qui se cache au tréfonds de la culture américaine. L’apparence de tolérance n’est qu’apparence. Le conflit n’est jamais frontal, sauf au Texas. Il est sournois, larvé, en coulisses où les coups bas sont autorisés, organisés même.

C’est ce que je déteste dans ce pays que je connais si bien pour y avoir séjourné, travaillé. Le cliché type, ridicule mais si révélateur, vous le découvrirez en regardant les cadres pseudo-cool. Derrière la chemise ouverte, ou pire le polo (en général de mauvais goût), dépasse le maillot de corps. Ben oui, on se caille avec la clim mais ce n’est pas socialement acceptable de le dire alors que tout le monde le pense.

Ici, c’est le déchainement caractérisé, médiatique, religieux, professionnel qui est détaillé lorsque des évènements qui passeraient pour relativement anodins en Europe et de plus, frappés du sceau du long temps écoulé depuis, remontent par hasard à la surface.

En particulier, D. Kennedy détaille parfaitement bien l’espèce d’hystérie religieuse qui s’est emparée de l’Amérique depuis que vraisemblablement le plus critiquable Président des Etats-Unis de toute l’histoire, G.W. Bush, est arrivé au pouvoir.

Une hystérie religieuse qui s’est renforcée avec les terribles attentats du 911 comme on dit là-bas et qui justifient bien des écarts. Malheur à celui ou à celle qui s’écarte de la norme bien-pensante. La première faute risque de lui coûter un max…

Ici, tout le monde laissera tomber la victime expiatoire qui aura l’outrecuidance de ne pas demander pardon pour des fautes forcloses et mineures mais qui vont à contre-courant du courant moralisateur ambiant. Mari, fils, voisins, amis, cercle professionnel vont se dérober, s’acharner créant d’irréparables dégâts même lorsque la vérité vraie finira par l’emporter.

On peut donc lire ce livre selon deux plans. L’un, cursif et narratif, sans intérêt particulier. On sera alors en mode très « readers-digest ». L’autre, sociologique et théâtral. Je vous invite à suivre celui-ci pour découvrir les charmes de la société américaine.

Publié aux Editions Belfond – 527 pages

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