10.6.11

Les charmes discrets de la vie conjugale – Douglas Kennedy


Auteur à succès mondial, Douglas Kennedy s’y connaît pour mettre en scène sans concessions les travers de la société américaine bien pensante.

Nous allons découvrir tout ce qui se cache derrière les apparences de bonne éducation, de respect des autres, de côté « relax, take it easy » très côte Est et Nouvelle Angleterre. Il se trouve que c’est une région dans laquelle je me rends un assez grand nombre de fois par an pour raisons professionnelles et j’ai parfaitement retrouvé le côté un peu provincial, lissé de ces bonnes villes de Providence, Concord, Boston ou Portland. Des villes où l’ennui guette si l’on n’y prend pas garde…

L’intrigue de ce très gros roman est assez quelconque. C’est là d’ailleurs la limite essentielle de ce livre qui est inversement proportionnel en qualité scripturale et romanesque à son poids. Mais bon, si l’on cherche de la grande littérature, on s’est indéniablement fourvoyé avec ce livre.

Nous allons suivre la vie apparemment bien rangée d’un couple typique de la middle-upper class de la côte Est des Etats-Unis et ce sur une trentaine d’années. Je vous passerai les détails sans relief particulier.

Le fond du bouquin consiste en fait à dénoncer l’hypocrisie si caractéristique qui se cache au tréfonds de la culture américaine. L’apparence de tolérance n’est qu’apparence. Le conflit n’est jamais frontal, sauf au Texas. Il est sournois, larvé, en coulisses où les coups bas sont autorisés, organisés même.

C’est ce que je déteste dans ce pays que je connais si bien pour y avoir séjourné, travaillé. Le cliché type, ridicule mais si révélateur, vous le découvrirez en regardant les cadres pseudo-cool. Derrière la chemise ouverte, ou pire le polo (en général de mauvais goût), dépasse le maillot de corps. Ben oui, on se caille avec la clim mais ce n’est pas socialement acceptable de le dire alors que tout le monde le pense.

Ici, c’est le déchainement caractérisé, médiatique, religieux, professionnel qui est détaillé lorsque des évènements qui passeraient pour relativement anodins en Europe et de plus, frappés du sceau du long temps écoulé depuis, remontent par hasard à la surface.

En particulier, D. Kennedy détaille parfaitement bien l’espèce d’hystérie religieuse qui s’est emparée de l’Amérique depuis que vraisemblablement le plus critiquable Président des Etats-Unis de toute l’histoire, G.W. Bush, est arrivé au pouvoir.

Une hystérie religieuse qui s’est renforcée avec les terribles attentats du 911 comme on dit là-bas et qui justifient bien des écarts. Malheur à celui ou à celle qui s’écarte de la norme bien-pensante. La première faute risque de lui coûter un max…

Ici, tout le monde laissera tomber la victime expiatoire qui aura l’outrecuidance de ne pas demander pardon pour des fautes forcloses et mineures mais qui vont à contre-courant du courant moralisateur ambiant. Mari, fils, voisins, amis, cercle professionnel vont se dérober, s’acharner créant d’irréparables dégâts même lorsque la vérité vraie finira par l’emporter.

On peut donc lire ce livre selon deux plans. L’un, cursif et narratif, sans intérêt particulier. On sera alors en mode très « readers-digest ». L’autre, sociologique et théâtral. Je vous invite à suivre celui-ci pour découvrir les charmes de la société américaine.

Publié aux Editions Belfond – 527 pages