6.11.11

Ce qui demeure – Alice McDermott


Alice McDermott est un auteur à succès aux Etats-Unis et a été couronné par de nombreux prix littéraires.

Pour autant, « Ce qui demeure », est loin de constituer un roman essentiel ou marquant. La faute en reviendrait-elle à une traduction qui donne le sentiment d’une prose flottante ? Peut-être mais pas exclusivement.

Car, au fond, si l’on peut, à la limite, supporter une écriture approximative ou basique, c’est uniquement parce qu’elle serait au service d’un récit fort, d’une histoire exaltante, d’un de ces romans qu’on n’arrive pas à délaisser. Rien de tout cela dans ce livre très décevant.

Une traduction quelconque, au service d’une histoire quelconque dans une famille américaine quelconque. C’est sans doute cela qui plaît aux Etats-Unis, le souci de se fondre dans la normalité étant l’instinct même de survie.

Nous sommes sur la côte Est dans une petite ville, lointaine banlieue de New-York. Nous allons suivre la vie d’une famille (le père, la mère et leurs quatre enfants) sur une quarantaine d’années. De l’immédiat après-guerre à la fin des années soixante-dix.

Quarante ans d’intégration à la communauté locale, quarante ans consacrée à l’éducation des enfants et à les rendre autonomes. Quarante ans de bonne éducation catholique traditionnelle dans l’école paroissiale locale dont la vocation essentielle consiste à dissuader les jeunes filles de commettre le péché de la chair. Quarante ans de sacrifice pour n’exister que par la conformité absolue aux principes de la société américaine.

Certes, l’aîné sera « drafté » et envoyé au Vietnam dont il ne reviendra pas. Le prix à payer à la nation américaine, la douleur à ravaler pour continuer à avancer, sans vagues.

Le ton est gentillet, lisse. L’auteur est souvent tentée de se laisser embarquer dans des comparaisons alambiquées, des figures allégoriques mal maîtrisées. L’écriture devient alors pataude, d’une sophistication scolaire et nuit à une lisibilité fortement gommée par un intérêt vacillant.

Bref, pas un mauvais livre mais définitivement un livre inutile, au moins de ce côté-ci de l’Atlantique…

Publié aux Editions Quai Voltaire – 344 pages