13.4.12

La vie me fait peur – Jean-Paul Dubois



Publié en 1994, ce roman appartient à la branche américaine de la production de Dubois. Comme souvent chez l’auteur (cf « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi » ou « Hommes entre eux »), le personnage principal est à la recherche de ses racines et de sa raison d’être, partagé entre Toulouse et quelque part de l’autre côté de l’Atlantique. C’est une quête du père, thème obsessionnel de la production de Dubois, et une quête du sens à laquelle se livre Paul Siegelman, personnage central de ce roman.

Paul a un peu plus de quarante ans. Il vient de se faire licencier par sa femme, ex-banquière et redoutable femme d’affaires à la tête de la petite entreprise de tondeuses à gazon créée par le père de Paul. Désoeuvré, résigné après un échec professionnel et affectif, Paul est à trente trois mille pieds d’altitude dans le triréacteur qui le mène, au terme d’un épuisant voyage, jusqu’à Miami, en Floride.

Miami où son père, inventeur lunatique, visionnaire mais rarement capable de transformer en succès ce que son esprit a conçu, s’est retiré. Il y vit des jours heureux aux côtés de son ami de toujours, Jean, qu’un jour il s’est amusé à dépeindre à son fils comme sa véritable mère sans se douter des dégâts que cette boutade allait causer chez Paul.

Ce dernier met à profit les douze heures de vol pour passer en revue sa vie. Un bilan peu brillant fait de bohême, de petits boulots qui lui auront permis de sillonner l’Amérique pendant sept années d’errance, de cahotements provoqués par les incessants revers de fortune d’un père qui avait le chic pour flamber et précipiter sa famille dans des désastres financiers dont il finissait cependant par miraculeusement se relever.

Une vie où le mariage, tardif, impensable, désaccordé entre Vivien, l’Américaine superbe grande bourgeoise, entreprenante et intelligente et Paul, le rêveur et le dilettante,  tenait forcément de l’alliance de la carpe et du lapin. A la passion a succédé l’incompréhension.

Miami qui finira par jouer le rôle d’un salutaire électrochoc, d’une remise en cause pour aider Paul à enfin s’assumer, voir son père pour ce qu’il est, aimer et savoir se faire aimer tel que lui, Paul, est. Bref, permettre à Paul de vivre et de n’avoir plus peur d’exister.

C’est, au fond, un livre assez profondément nostalgique que nous propose Dubois, un livre où il n’existe pas ce suspense intense et troublant que l’on trouvera dans ses œuvres plus tardives. Un livre simple, dépouillé, au style relativement banal, à l’image de ces vies parallèles qui tentent, bon gré mal gré, de se juxtaposer.

Assurément pas la meilleure production de l’auteur bien qu’elle se laisse lire assez plaisamment.

Publié aux Editions du Seuil – 237 pages