5.5.12

Je reviendrai avec la pluie – Takuji Ichikawa



A la plus grande surprise de son auteur lui-même, cette jolie fable moderne à la fois douce et triste a fait un tabac. Plus de six millions d’exemplaires vendus au Japon et un succès international.
Comme l’auteur l’explique dans son intéressante et courte postface, même si le roman n’est pas à proprement autobiographique, c’est bien son histoire d’amour fusionnel avec son épouse qu’il raconte. Il est rare pour les Japonais d’exprimer leurs sentiments mais Takuji Ichikawa ne se reconnaît absolument pas dans la société nippone moderne et s’est toujours senti en marge, différent des autres, sans doute inadapté à un monde impersonnel et féroce à la fois. Autant de facteurs qui pourraient expliquer l’incroyable succès littéraire.

Tak-kun, le personnage central du roman (et aussi le diminutif affectif du propre prénom de l’auteur), est un jeune veuf qui tente de s’en sortir avec son fils de six ans. Depuis que sa femme Mio est décédée à l’âge de vingt-neuf ans, Tak-kun tente de survivre. C’est particulièrement difficile quand on est un homme fragile psychologiquement et physiquement car Tak-kun est incapable de supporter les transports en commun, l’éloignement de son domicile, le stress de façon générale et vit perpétuellement entre deux crises qui le laissent épuisé. Du coup, le foyer va à vau-l’eau. Repas répétitifs et déséquilibrés, linge sale qui s’empile, appartement peu reluisant. Et Tak-kun est de moins en moins assidu et performant dans son travail.

Avant de mourir, Mio lui avait promis que s’il s’occupait correctement de leur fils, elle reviendrait les voir au début de la saison des pluies pour repartir à la saison sèche. Or, à un retour de promenade de Tak-kun et son fils, c’est bien Mio qui les attend devant la porte d’une usine désaffectée.

Mais Mio semble avoir tout oublié et il leur faudra réapprendre à vivre ensemble, revivre leur histoire d’amour en osant aller à la découverte les uns des autres. Ce qui est simple pour un enfant qui acceptera sans difficulté l’improbable, sera un peu plus long pour les adultes d’autant qu’ils se cachent des secrets qui ne seront révélés qu’en fin de roman ce qui nous permettra, plus ou moins, de comprendre comment Mio est revenue d’entre les morts.

Tout cela n’aura qu’un court temps, six semaines,  mais permettra à Tak-kun d’affronter plus sereinement sa vie définitive sans sa femme et de devenir un adulte plus pleinement responsable.

Ce roman plein de bons sentiments et de pudeur aussi se lit avec plaisir et ne manquera pas de tirer quelques larmes de compassion ou de tristesse de tout lecteur normalement constitué. Une jolie fable moderne à découvrir.

Publié aux Editions Flammarion – 2012 -321 pages