16.2.13

A travers sables – Benjamin Pelletier



Voici un titre qui illustre parfaitement ce que le lecteur pourra avoir ressenti tout au long de la fastidieuse lecture de ce roman tout juste moyen : aridité désertique de l’intrigue, voyage pénible, soif de mieux !

Le sujet choisi était pourtant intéressant. Un homme mûr décide de s’expatrier volontairement en Arabie Saoudite du côté de Djeddha pour le compte de son employeur, un grand groupe de construction de complexes hôteliers. Sur place, c’est l’ennui et la dépression qui vont s’emparer de lui, fomentant fantasmes et désirs que la société islamique surcontrainte va inévitablement susciter. Quoi de plus naturel que de rêver de femmes quand il n’y en a point d’accessibles localement et que l’adultère est puni de mort, quoi de plus normal que de vouloir voir un arbre quand le désert vous entoure, etc ?

Malheureusement, le livre démarre mal. On sent B. Pelletier empêtré dans son sujet, hésitant entre un assez quelconque guide touristique vous décourageant à jamais de vous rendre sur les plages trompeusement idylliques d’un pays psychologiquement arriéré et une critique acerbe d’une société saoudite seulement préoccupée de maintenir in islam moyen-âgeux. Un Islam qui ségrégue hommes et femmes, encageant ces dernières, les enfermant derrière d’incroyables burkas, un Islam qui déchire toute publication laissant voir le moindre bout de peau, un Islam qui coupe les mains et les pieds des voleurs, un Islam qui punit de ne pas assister aux innombrables prières…

Je ne prends pas parti et ne fais que relater le point de vue de l’auteur (dont je dois cependant dire qu’il est tout à fait exact d’un point de vue factuel en Arabie Saoudite où j’ai eu l’occasion de me rendre).

Cependant, desservi par un style pataud, s’embourbant dans le désespoir qui fond sur sa victime volontairement égarée dans cette société qu’il ne comprend pas, l’auteur a le plus grand mal à nous faire adhérer. Il existe certes quelques belles pages (ces fuites éperdues et sans but sur les infinies lignes droites des autoroutes désertes, ces recherches de la Mer Rouge protégée et inaccessible derrière des murailles d’enceinte qui en privatisent l’accès), mais elles ne sont pas suffisantes pour sauver l’ouvrage d’un ennui certain.

Pubié aux Editions de l’Olivier – 163 pages