13.12.14

Eric-Emmanuel Schmitt – Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent…


Avec ce livre, le prolifique et varié Eric-Emmanuel Schmitt ouvre un nouveau pan dans sa production littéraire. Un pan consacré aux grands compositeurs qui ont marqué la vie de cet amateur éclairé de musique classique. Un premier essai consacré à Ludwig van et qui sera bientôt suivi d’un autre consacré au Maître de Leipzig, Jean-Sébastien Bach.

Dans la première partie de cet essai, l’auteur tente de nous faire comprendre comment et en quoi il retrouva Beethoven récemment, compositeur qui avait habité ses journées d’adolescent lorsqu’il travaillait avec acharnement ses sonates au piano puis qu’il avait abandonné, croyant, à tort, tout en savoir et n’y avoir plus rien à apprendre.

Le titre provocateur du livre est directement issu d’un propos tenu de sa professeur de piano, un personnage haut en couleur et qui s’était exprimé ainsi, au plus grand déplaisir de notre homme, après une interprétation à quatre mains d’une réduction pour piano de la Symphonie Héroïque.

Le propos de l’auteur peut alors se résumer ainsi. Ce qui fait la supériorité de Beethoven c’est qu’il fut, malgré les apparences, un musicien qui croyait en l’Homme et qui se construisit une morale autour de quatre principes :

L’acceptation de « notre fragilité, nos défaillances ; nos tourments, notre perplexité ; abandonner l’illusion de savoir ; faire le deuil de la vérité ; reconnaître l’autre comme un frère en questionnement et en ignorance ; cela s’appelle l’humanisme.
Pour s’y maintenir, il faut aussi lutter contre la peur, celle de l’échec, celle de la vie, celle de la mort ;  cela s’appelle le courage ;
Pour y persévérer, il faut exhaler ce qu’il y a de meilleur en l’homme, de beau dans le cosmos, d’admirable parmi la création ; cela s’appelle la hauteur.
Pour s’y sentir bien, il faut dépasser la tristesse, le désarroi, la haine du provisoire, le besoin de posséder ; on doit préférer ouvrir les bras, privilégier l’énergie, célébrer l’existence ; cela s’appelle la joie. » (pages 74-75)

S’ensuivra un deuxième récit, rédigé quelques mois plus tôt sous le titre de « Kiki van Beethoven » et duquel fut tiré une pièce de théâtre. Un récit comme toujours brillant, sorte de prélude à l’essai précédent et dans lequel une femme, âgée et au mauvais caractère, s’interroge sur les raisons qui font qu’elle n’entend plus la musique du maître qui, jadis, fusait à la simple observation de son auguste buste de plâtre.

La conclusion en est que pour entendre Beethoven, il faut adhérer à son humanisme, croire en l’Homme, voir en lui au-delà de ce qui font ses défauts et ses limites, toutes choses que la musique de Ludwig van portait en elle.

Il en résulte deux récits courts et brillants, à réserver cependant à un public averti et capable de se confronter à la puissance des concepts.


Publié aux Editions Albin Michel – 2010 – 184 pages