5.12.15

On va dans le mur – Agnès Verdier-Molinié


Directrice de la fondation IFRAP, Agnès Verdier-Molinié (AMV) ne cesse de mettre au grand jour, année après année, dans des ouvrages fort bien documentés, les multiples dérives et dangers que nous font courir la mondialisation, la fuite en avant ou le défaut de maîtrise des politiques publiques.

« On va dans le mur » est un ultime cri d’alarme pour mettre en évidence tout ce que le grand public ignore et qui conduit à une gabegie de dépenses publiques plus ou moins consciemment organisée ou, du moins, protégée par une extrême minorité de nantis et de profiteurs n’ayant aucun intérêt à ce que des réformes soient mises en œuvre.

Pour la première fois et après une enquête minutieuse, AMV révèle ainsi qu’il existe environ 100.000 mandats d’administrateurs d’organismes sociaux en tous genres, grassement rémunérés pour un travail des plus légers, certains d’être décorés par la République après vingt ans de mandats et fermement assis sur le couvercle d’une marmite qui menace d’exploser. Ce sont eux les principaux opposants à une réforme du régime des retraites dont nous savons tous pourtant qu’elle est aussi inévitable qu’indispensable.

Que dire aussi du maquis des taxes et impôts (AMV en recense là aussi pour la première fois 360, presque une par journée calendaire !) ? Un fatras illisible dans lequel s’amoncellent des prélèvements coûtant plus qu’ils ne rapportent et qui font le bonheur d’organismes obscurs et à peu près inutiles, car fréquemment en surnombre, si ce n’est pour recaser des fonctionnaires détachés de leur ministère de tutelle.

L’Administration en effet est loin de donner l’exemple. Car, si le discours officiel est de serrer les dépenses de plus en plus fort, en réalité, la plupart d’entre elles sont repoussées vers les collectivités locales et territoriales dont les subventions ne cessent de diminuer, amenant une pression fiscale de plus en plus intolérable au moment même où celle de l’Etat ne cesse également de progresser.

Quant aux rémunérations des fonctionnaires, il y a là aussi loin de la coupe aux lèvres entre le discours officiel du gel du point d’indice depuis 2010 et un système absolument obscur de 1851 primes (oui, vous avez bien lu !) permettant à certains fonctionnaires d’augmenter leur rémunération de 45% hors de tout contrôle et de tout principe d’égalité de traitement dans la fonction publique.

Des exemples de dysfonctionnements de ce type illustrant soit une absence de volonté politique de réformer vigoureusement, soit une résistance passive des syndicats et autres bénéficiaires d’un système qui semble être désormais hors de tout contrôle, abondent dans la description presque apocalyptique faite par AMV.

Toutefois, cette dernière montre dans la dernière partie de son ouvrage, de façon très didactique bien que parfois sans doute un peu optimiste ou simplifiée, qu’il est possible de mettre fin à ces dérives et d’éviter à notre pays de s’effondrer sur soi. Une menace de plus en plus réelle si rien n’est entrepris urgemment. Il suffit de courage politique et de détermination, sans quoi le prix à payer sera terrible surtout pour cette frange de la population qui vit sous assistance sociale permanente (dont l’objet et le fonctionnement ont été largement pervertis comme le montre AMV d’ailleurs). Ne rien faire, c’est faire le lit du FN, du populisme. Et l’on sait où cela mène : au plongeon dans le chaos. A bon entendeur, Mesdames et Messieurs les politiques si vous ne voulez pas n’avoir à vous en prendre qu’à vous pour payer pour longtemps et chèrement le prix de l’immobilisme.


Publié aux Editions Albin Michel – 2015 – 272 pages