3.11.17

Summer – Monica Sabolo


Dès que Benjamin Wassner, le narrateur, commence à se décrire, on se dit que ce garçon de trente-huit ans connaît de graves problèmes psychologiques. Depuis des années, il court les psy, enchaînant les traitements, vit reclus dans une chambrette au cœur de l’un des quartiers les plus minables de Genève, perclus de tics et de tocs.

A cela, l’explication semble toute trouvée. Sa sœur aînée, Summer, a disparu un beau jour d’été alors qu’elle n’avait que dix-neuf ans. Depuis, on ne sait rien de celle qui était une belle jeune fille qui attirait tous les regards, magnétisait hommes et femmes. Cette jeune femme bourgeoise élevée par un père qui est l’un des plus brillants avocats genevois et une mère qui semble n’avoir pas pris une ride et vivre d’une manière insouciante, s’est tout simplement volatilisée. Est-elle morte noyée dans le lac, assassinée, a-t-elle fui ? Aucune réponse à cette disparition angoissante…

Alors, près de trente ans plus tard, Benjamin cherche toujours à comprendre car, lui qui fut un adolescent malingre, mal dans sa peau, écrasé par le côté solaire de sa sœur, n’a jamais vraiment réussi à devenir un adulte responsable, autonome et qui s’assume.

On le sait, il existe parfois de lourds secrets dans les familles, des séquences, des faits, des choses que l’on cache, dont on nie l’existence, qu’on occulte au point de finir par les croire à jamais disparues. C’est ce que, peu à peu, à force de travail sur soi, de petites initiatives qui en entraîneront d’autres plus grandes puis plus grandes encore, Benjamin (et nous avec) va finir par comprendre. Derrière les apparences se cachent des réalités honteuses, des secrets à même de vous détruire psychologiquement, physiquement et socialement. C’est cette vase profondément enterrée qu’il faudra exhumer, filtrer, évacuer pour enfin pouvoir vivre sans le poids d’un inconscient entravant.

Monica Sabolo signe un magnifique roman, maîtrisé de bout en bout tant dans sa construction que dans son style travaillé et alternant la lumière et l’ombre, à l’image de la famille qu’elle illustre.

Pulié aux Editions JC Lattès – 2017 – 320 pages