1.1.18

Les rêveuses – Frédéric Verger


Autant nous avions été enthousiasmés avec son premier roman « Arden », autant avons-nous été assommés par « Les rêveuses ». Il est louable de vouloir réaliser un roman loufoque, farfelu surtout s’il est, souvent (mais pas toujours), fort bien écrit. Mais quand le loufoque tourne au ridicule à force d’invraisemblances, de concours de circonstances totalement improbables, d’épreuves qui auraient dû mettre cent fois fin à la vie d’un personnage qui finit par ressembler à un de ces avatars d’un jeu vidéo aussi violent qu’imaginatif, alors le lecteur capitule.
 
Ne tentons pas de résumer « Les rêveuses » : c’est à peu près impossible et surtout inutile. Disons seulement qu’un jeune Allemand de la Sarre, après s’être enrôlé dans l’armée française, se retrouve pris dans la débâcle. C’est en endossant les habits et l’identité d’un mort dont il ne sait rien qu’il échappera, un temps, à un sort misérable.
Par un cheminement lui-même abscons et tortueux, voici qu’il débarque dans une datcha délabrée, en pleine forêt lorraine, où vivent la mère aveugle, son domestique aux allures de géant et deux cousines délurées de celui dont il a pris l’identité. Commence une histoire pas piquée des hannetons où se croisent en un vaudeville de moins en moins drôle une bonne sœur folle, des familles nobles où la haine forme la façon de vivre, un commandant allemand alcoolique, un camp de prisonniers russes, un couvent en ruines ayant hébergé des sœurs diseuses de rêves consignés au fil des siècles et d’autres personnages secondaires aux âmes sombres.
Très vite, le lecteur, perdu dans une intrigue dont on peine à comprendre le fil et le sens, tente de surnager dans un maelström de mots bellement assemblés, composant patiemment une solide écriture classique, ponctuant des situations dont le point commun est, pour le personnage principal, de toujours s’en tirer là où tous les autres meurent.
Mais, le pire est pour la fin, sommet de l’incongru laissant à penser qu’il fallait bien trouver un moyen de se débarrasser de personnages devenus encombrants.
Bref, l’un des pires romans lus en 2017….
Publié aux Editions Gallimard – 2017 – 448 pages